mardi 7 octobre 2008
Télé Loisirs organe de propagande de la télé à papa ?
Par Zhou, mardi 7 octobre 2008 à 14:21 :: Général
Pour tous ceux qui ose encore critiquer le journalisme français, démonstration par l'exmple.
Chez moi la lecture aux toilettes est un sport national. Et je ne pense pas me tromper en avançant que cet avis est partagé par de nombreuses personnes à travers le monde. Un concept qui détruit les barrières de la langue ou de la couleur de peau, une idée de pacification de la société, un état d’esprit qui réuni les gens autour d’un idéal commun, bref, l’être humain aime lire aux waters.

D’un point de vue strictement personnel j’avoue avoir un penchant pour les catalogues et les magazines féminins, mais je ne crache pas de temps en temps sur un bon vieux magazine télé périmé depuis quelques mois. Etant donné que je n’en achète plus depuis des années et que je ne regarde pas la télé, cela me permet de voir ce que j’ai raté et de me tenir aux courants de nouvelles avariées. Disons qu’au moins elles ont un niveau de fraicheur égal à leurs qualités informatives… Mais pour en revenir au sujet qui nous intéresse aujourd’hui, c’est donc aux toilettes que je suis tombé sur le numéro mille cent soixante dix (à quel ordre ?) du célèbre Télé Loisirs, qui constitue une sorte de socle critique du PAF français aux côtés de l’inénarrable Télé 7 Jours.

La couverture donne le ton : Star Ac, Drucker, Manaudou, Lorie (« Bluffant ! » nous apprend le magazine) et Rama Yade. Entre populisme français et sarkozisme refoulé, il ne manque plus que notre bon vieux Johnny national pour compléter le cahier des charges gouvernemental. On le sait Télé Loisirs défend des valeurs drukeriennes de la télé et sais se montrer acéré quand il s’agit de télé réalité. Paradoxal quand on constate à quel point ses critiques de films sont d’une platitude effarante. L’hagiographie des stars du petit écran est la règle, mais uniquement dans un cadre conservateur. Il y a en effet une différence de traitement consternante entre ce que le magazine juge comme de la bonne télé réalité (comprendre vendeuse auprès de la ménagère de 50 ans et des grands-mères) et ce qu’elle sanctionne comme de la télé poubelle (comprendre vendeuse auprès des jeunes qui veulent du trash). On va y revenir.

Coincé juste après un lecteur qui s’inquiété qu’aucune chaine ne rediffuse la saga (« mythique ») du gendarme cet été (merde on a eu chaud), le beau Quentin de la Star Ac a droit à sa publicité gratuite. Photo torse nu comprise. Le garçon, qui a l’honneur de la couverture, est bankable, TL (je peux vous appeler TL ?) nous apprends qu’il est numéro un des ventes digitales et comme il est le dernier gagnant en date du télé crochet de TF1 il est honorable. Les mamies l’aime, la ménagère a voté pour lui et les gamines font craquer le morceau sur iTunes, bref tout est réuni pour que notre programme hebdomadaire se lance à sa rencontre lors d’un de ses rares répits. Et oui Quentin est français, Quentin n’a pas de répits, il travaille plus pour gagner plus. Page suivante on reste dans la télé réalité honorable : les agriculteurs qui cherchent l’amour. C’est rural, c’est bien. C’est français. L’amour du travail manuel, ça plait à papi ça. De la bonne télé pleine de fières vertus validées par notre hebdo préféré.

Mais attention ! Ceux qui croient naïvement que Télé Loisirs est juste un programme télé peuvent s’enfoncer le coude bien profond dans le globe oculaire ! Ici on a droit à de l’enquête et de l’avant première exclusive. Le magazine est carrément allé à la rencontre de Lorie qui, et c’est « bluffant », fait ses débuts d’actrice sur TF1. Séquence émotion quand on apprend qu’en même temps son amoureux Garou en fait de même. J’en ai versé une ou deux gouttes de pipi sous le coup de l’émotion. Les directeurs de com’ l’ont bien compris, faut pas trop jouer avec la patience du jeune. Deux pages sans télé réalité et il va zapper le magazine. Aussi on reprend sur du lourd : L’ile de la tentation. Et là on attaque tous en cœur : « bouuuuuuhhhhhhh télé poubelle ! C’est naze ! ». On l’a fait pas à Télé Loisirs, Quentin c’est un vrai grand chanteur mais Dany et Pierre ça sent le faux couple, bien « formaté pour la télé réalité » et le trash de TF1. Mais faut pas déconner, on dénonce, on accuse, … mais on en parle avec moult détails hein. Mais ça c’est la mauvaise télé réalité, la trash, la pas belle, la honteuse, caca, celle qu’on ne met pas en couverture. L’indécente dont on n’ose pas parler ouvertement. Oh ! Télé Loisirs c’est pas Entrevue, compris ? Là on est loin de l’honorabilité d’une Star Ac et de son gendre idéal, le beau Nikos.

Tandis que Rama Yade nous apprends qu’elle aime Dragon Ball Z et Olive et Tom, on tape dans le lourd du magazine. Trop de jeunisme risquant de fâcher TL avec sa frange intégriste (les vieux), on sort le Panzer du PAF, le bien nommé Michel Drucker, chantre d’une télé à papa convenu et complaisante. Chargé par le magazine de décryptée « son amie » Laure Manaudou, photos complices à l’appui : Michou en survêt Wimbledon (du coton, bleu à bande, top classe), futal remonté pour ne pas se mouillé les jambes, partage un moment d’intimité-bonheur avec Laure aux bords d’une piscine. L’émotion est palpable. Les derniers réfractaires (honte sur eux) seront conquis par celle où Michel et Laure promènent Cannelle (le toutou de la nageuse ou plutôt sa « nouvelle passion ») dans un parc. Pourquoi Michel Drucker au fait ? Bon ok ça émoustille les grands-mères mais de la à lui faire signer un papier… Ah mais oui c’est vrai, Michel il a présenté des émissions sportives dans sa jeunesse, du lourd hein, genre Stade 2. Il s’y connait le Michou, la preuve il pronostique que Manaudou va régler ses comptes aux JO et pourquoi elle y sera « plus forte que jamais » (remarquez il parlait peut être de son poids). L’article nous apprend aussi que Drucker a présenté Laure et son avocat à son ami François Pinault. Belle leçon de journalisme, dans mon prochain billet je vous raconterai comment j’ai présenté Mamadou Niang et son dentiste à Nicolas Sarkozy.

Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin. La lecture de ce trépidant article ayant eu l’effet désiré quant à ma visite aux waters je ne suis pas allé plus loin dans mon investigation. Dommage, j’aurais bien aimé lire quelques unes de leurs célèbres critiques de films argumentées et développées (trop d’ailleurs pour le français moyen). Du genre : « Le suspens laisse indifférent » ou « Isabelle Carré est sublime ». Sur ce je vous laisse, je vais me re-regarder le Vivement dimanche de ce week-end.